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Pour Emma Goldman, la violence (qu’on appelle « propagande par le fait ») est un des moyens à la disposition des anarchistes pour faire passer leur message, dans un contexte où la violence est avant tout celle du système capitaliste. Mais sa réflexion sur la violence a évolué tout au long de sa vie… Plus elle avance dans sa vie, plus elle estime que la violence qui doit avant tout être condamnée, c’est la violence d’État.
Alice Béja
Née le 27 juin 1869 à Kaunas (située aujourd’hui en Lituanie mais appartenant alors à l’Empire russe), Emma Goldman est une figure incontournable de l’engagement politique anarchiste et féministe. À 17 ans, elle émigre aux États-Unis. Deux ans plus tard survient le massacre de Haymarket Square, à Chicago. La pendaison de manifestants est un tournant dans la vie d’Emma Goldman : elle s’installe à New-York en 1889 et rejoint le mouvement anarchiste. À partir de la fin des années 1890, elle parcourt les États-Unis pour y donner de multiples conférences et est alors reconnue comme l’une des plus grandes oratrices de son époque – c’est au cours de cette période qu’elle gagnera son surnom d’Emma la Rouge. Son engagement lui vaudra toutefois d’être emprisonnée en 1918 puis déportée en Russie à la fin de l’année suivante – où elle découvre les horreurs de l’URSS. Elle revient en Amérique du Nord à la fin des années 1920, à Montréal d’abord, puis dans le reste du Canada ensuite, puis retournera en Europe (en France et en Espagne notamment), avant de revenir au Canada. Elle meurt en 1940 à Toronto.
Selon Goldman, l’anarchisme consistait en la « philosophie d’un nouvel ordre social basé sur une liberté qui n’est pas restreinte par des lois humaines » et en la « théorie selon laquelle toutes les formes de gouvernement reposent sur la violence, et sont donc injustes [wrong] et nuisibles [harmful], mais également inutiles » (2021). Il s’agit pour elle de la seule voie permettant aux êtres humains d’accéder à la liberté.
Les piliers de sa pensée sont :
- le rejet de la religion
- la liberté sexuelle et amoureuse
- l’émancipation des femmes et l’émancipation de l’émancipation (c’est-à-dire qu’elle invite les femmes à jouir de leur liberté)
- l’anticapitalisme et la défense du syndicalisme
- l’antipatriotisme et l’antimilitarisme
Pour en savoir plus
- Emma Goldman, “la femme la plus dangereuse de l’Amérique”
- « La Liberté ou rien » : sur la pensée d’Emma Goldman
- Ouvrages et articles en anglais
Emma Goldman. 1984. L’épopée d’une anarchiste: New York 1886-Moscou 1920. Bruxelles : Editions Complexe.
Emma Goldman. 2020. De la liberté des femmes. Paris : Éditions Payot & Rivages.
Emma Goldman. 2021. L’Anarchisme. Paris : Nada Éditions.
Sylvie Murray. 1988. « Review of Emma Goldman in America, by A. Wexler ». Labour / Le Travail, 22 : 323–325.
© Crédit image : Getty – Apic
[…] théoriciennes ont notamment permis le développement et la diffusion de ces théories : Emma Goldman (1869-1940), Voltairine de Cleyre (1866-1912) et He-Yin Zhen […]
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