Le care

Temps de lecture : 2 minutes


Le terme care est un emprunt à l’anglais qui n’a pas su trouver sa traduction dans la sphère francophone. On parle tantôt de soin, tantôt de sollicitude, mais principalement de… care. Comme le rappelle Francesca Scrinzi, le care est à la fois une éthique, un travail et un domaine de l’action publique (2016, 106).

Systématisé dans le champ universitaire de la psychologie dans les années 1980, il est devenu un outil théorique et politique à partir des années 1990. Il est à présent incontournable dans une pluralité de disciplines (et la crise sanitaire a d’ailleurs multiplié son usage) : on le retrouve en philosophie, en sociologie, en économie, en science politique, notamment à travers l’analyse des politiques publiques, ou encore en sciences infirmières.

Il est important de noter qu’il était sous-jacent dans les analyses féministes matérialistes. En effet, en dénonçant la gratuité du travail domestique notamment, les féministes des années 1970 fournissaient les premières pistes de réflexion autour de la construction genrée du fait de prendre soin d’autrui. Aujourd’hui, il est affiné et mis en perspective grâce aux études sur les masculinités, aux études sur les handicaps et aux études sur les sexualités et l’intimité (Scrinzi 2016, 115), mais aussi et surtout grâce aux études décoloniales qui ont mis de l’avant que le care n’est pas seulement la conséquence d’un système patriarcal, il est également le résultat d’un système de domination raciste.

Comme le résument Ibos et ses collègues, le care est « le produit d’une intrication de solidarités de différents types » (2019, 82). En effet, le fait de prendre soin est motivé par des enjeux culturels, économiques et politiques, selon dans quelle sphère nous nous situons – intime ou non – et quelle place nous occupons dans l’échelle sociale – marginale ou non. Toutefois, il existe une disposition socialement acquise, en fonction du sexe qui nous est assigné à la naissance, et une injonction socialement imposée, en fonction des paramètres de notre identité.

En d’autres termes, le care est d’abord et avant tout « un produit culturel et social façonné par une pluralité de relations entre différentes institutions – de la famille jusqu’à l’État » (Damois 2021, 4).

Pour en savoir plus

  • L’éthique du care, qui renvoie à « une éthique relationnelle pour laquelle l’action morale consiste à se soucier de ceux dont nous sommes responsables » (Ibos et al. 2019, 92)
  • Le travail du care, qui recouvre à la fois les emplois rémunérés liés au soin, à l’enseignement, à l’entretien, etc. mais également l’ensemble des tâches liées au travail ménager non rémunéré
  • Care et politiques publiques (à venir)

Alexia Damois. 2021. « Les luttes féministes : pour qui & avec qui ? ». Travail réalisé dans le cadre du cours FEM6000 : Théories féministes, des genres et des sexualités. Université de Montréal.

Caroline Ibos, Aurélie Damamme, Pascale Molinier et Patricia Paperman. 2019. Vers une société du care, une politique de l’attention. Paris: Le Cavalier Bleu.

Francesca Scrinzi. 2016. « Care ». Dans Juliette Rennes (dir.), Encyclopédie critique du genre. Paris : La Découverte, 106-115. 

Études | Répertoire des chercheur·euses francophones en études féministes [Québec]

  • Université Concordia
    • Chantal Maillé | Professeure à l’Institut Simone de Beauvoir | Mouvements des femmes ; théories post-coloniales ; féminisme québécois ; francophonie ; intersectionnalité
    • Gada Mahrouse | Professeure à l’Institut Simone de Beauvoir | Études culturelles féministes transnationales ; études critiques de la blanchité ; femmes racisées et féminismes critiques de la race ; pédagogies de la justice sociale
    • Viviane Namaste | Professeure à l‘Institut Simone de Beauvoir | Santé des femmes ; prévention du VIH-SIDA ; sexualité
    • Geneviève Rail | Professeure émérite à l’Institut Simone de Beauvoir | Biopolitique, santé publique, corps des femmes et pratiques de santé ; critiques féministes des sciences de la santé, des industries pharmaceutiques, des systèmes de santé ; discours sanitaires, obésité, vaccination VPH ; corps queer/trans et prise en charge du cancer ; poststructuralisme, dé/postcolonialisme, théorie queer
  • Université Laval
    • Marie-Josée Saint-Pierre | Professeure à l’École de design | Études cinématographiques ; études féministes ; histoire de l’art féministe ; cinéma d’animation féministe ; langage cinématographique ; conception et traitement d’images numériques
    • Marie-Hélène Deshaies | Professeure à l’École de travail social et de criminologie | Organisation communautaire, mouvements sociaux et acteurs collectifs ; inégalités sociales et pauvreté ; justice environnementale et sociale ; organisation sociale et politique du travail de soins ; processus participatifs et collaboratifs de recherche ; mouvements et théories féministes ; recherches communautaires, participatives et recherche-action en service social
    • Louise Langevin | Professeure à la Faculté de droit | Titulaire de la Chaire de recherche Antoine-Turmel sur la protection juridique des aînés | Droit civil ; droits fondamentaux ; théories féministes ; féminisme et droit ; discrimination et harcèlement sexuel ; violence faite aux femmes
    • Sophie Brière | Professeure à la Faculté des sciences de l’administration | Directrice de l’Institut EDI2 (équité, diversité, inclusion, intersectionnalité) | Équité, diversité et inclusion dans les organisations de tous secteurs d’activités ; femmes dans des professions traditionnellement masculines ; femmes et diversité sur les conseils d’administration ; gestion de projets en développement international et action humanitaire ; soutien à l’entrepreneuriat dans un contexte de diversité
    • Émilie Giguère | Professeure à la Faculté des sciences de l’éducation | Intégration socioprofessionnelle ; développement de carrière ; travail des femmes et des femmes cadres ; transformations du marché du travail et des organisations ; aspects juridiques et politiques du travail ; théories féministes
    • Guylaine Demers | Professeure au Département d’éducation physique | Femmes et sport ; homophobie en sport ; entraîneures
    • Aline Charles | Professeure au Département des sciences historiques | Canada-Québec, XXe siècle ; histoire sociale: histoire de la vieillesse, histoire des femmes, histoire de la santé et du secteur hospitalier, histoire du travail
    • Johanne Daigle | Professeure au Département des sciences historiques | Québec-Canada, XIXe-XXe siècles ; Dimensions comparées, perspectives sociales, féministes et de genre, récits de vie: histoire urbaine, histoire des services, des professions et des institutions socio-sanitaires, notamment dans les espaces excentrés; histoire des mouvements sociaux
    • Diane Lamoureux | Professeure au Département de science politique | Philosophie politique ; sociologie politique féministe
    • Élisabeth Mercier | Professeure au Département de sociologie | Analyse critique du discours ; études culturelles ; médias et cultures populaires ; pouvoir, normes et moralisation ; genres et sexualités ; mouvements et théories féministes
    • Florence Pasche Guignard | Professeure à la Faculté de théologie et de sciences religieuses | Femmes, genre, et religions ; maternités et religions ; religions, cultures et sociétés ; religions de l’Asie du Sud ; indouisme et traditions dévotionnelles (bhakti) ; religions, médias, et technologies à l’ère du numérique
    • Josette Brun | Professeure au Département d’information et de communication | Histoire des médias au Québec et en Acadie ; genre, rapports sociaux de sexe et médias ; représentations sociales de la féminité et de la masculinité
    • Estelle Lebel | Professeure au Département d’information et de communication | Sémiotique et rhétorique de l’image visuelle en communication ; études féministes: représentations, pratiques des métiers de la communication, réception différenciées selon le sexe ; éducation aux médias: jeunes, médiatisation et réception
    • Manon Niquette | Professeure au Département d’information et de communication | Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels | Communication sur l’alimentation dans les médias sociaux ; représentations genrées des contenus culinaires ; analyse critique des publicités alimentaires
    • Laurie Laplanche | Directrice adjointe de l’Institut EDI2 | Études de genre, analyses féministes des médias, dynamiques de pouvoir dans la société et dans les milieux de travail
    • Isabelle Auclair | Professeure au Département de management | Titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant Femmes, Savoirs et Sociétés | Développement humanitaire ; violences basées sur le genre ; mouvements migratoires ; soutien organisationnel en matière d’équité ; intersectionnalité
    • Sylvie Morel | Professeure au Département des relations industrielles | Économie du travail ; points de convergence entre l’économie institutionnaliste commonsienne et l’économie féministe ; sécurisation des trajectoires professionnelles ; qualité de l’emploi
  • Université de Montréal
    • Marie-Marthe Cousineau | Professeure à l’École de criminologie | Femmes victimes de violence ; mariages forcés ; crimes d’honneur ; jeunes en difficulté ; victimisation ; politiques et pratiques pénales ; récits d’expérience
    • Denise Couture | Professeure retraitée de l’Institut d’étude religieuses | Théologie féministe ; femmes et religions ; interreligieux féministe ; éthique théologique chrétienne ; théologie contextuelle ; approches décolonisées
    • Anne Létourneau | Professeure à l’Institut d’étude religieuses | Exégèse de l’Ancien Testament ; études féministes et de genre ; Bible et Bible juive ; histoire des femmes en Israël ancien
    • Denyse Baillargeon | Professeure au Département d’histoire | Consommation ; développement ; enfance ; identité sexuelle et de genre, philanthropie ; santé
    • Susan Dalton | Professeure au Département d’histoire | Identité sexuelle et genre ; patrimoine culturel ; histoire sociale ; France ; Italie
    • Pascale Dufour | Professeure au Département de science politique | Politique comparée ; sociologie politique ; mouvements sociaux et action collective ; genre et politique ; théories féministes ; enjeux environnementaux
    • Pascale Devette | Professeure au Département de science politique | Philosophie politique ; théories féministes ; philosophie sociale ; époque moderne
    • Maria Martin de Almagro Iniesta | Professeure au Département de science politique | Afrique subsaharienne ; consolidation de la paix ; conflits armés ; gouvernance mondiale ; résolution des conflits ; femmes et politique ; genre et politique
    • Sirma Bilge | Professeure au Département de sociologie | Intersectionnalité ; théories critiques de la race ; gouvernementalité néolibérale ; nationalismes et sexualités
  • Université de Sherbrooke
    • Isabelle Boisclair | Professeure à la Faculté des lettres et sciences humaines | Littérature québécoise et francophone ; identité de genre ; littérature et subjectivité ; déterminants sociaux des arts et des lettres
    • Nicole Côté | Professeure au Département des arts, langues et littératures | Théorie et pratique de la traduction littéraire ; littérature comparée ; études de genre ; études culturelles
    • Patrick Snyder | Professeur au Département d’histoire | Démonologie et chasse aux sorcières ; féminismes, genres et religions
  • Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
    • Suzy Basile | Professeure à l’École d’études autochtones | Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les enjeux relatifs aux femmes autochtones | ​​​​​Anthropologie culturelle ; peuples autochtones ; femmes autochtones ; gouvernance et territoire
  • Université du Québec à Chicoutimi
    • Anne Martine Parent | Professeure au Département des arts et lettres | Études féministes ; études de genre ; études des sexualités ; études culturelles ; littérature contemporaine française et québécoise ; écriture des femmes ; écriture et douleur chronique ; témoignage littéraire ; littérature et trauma ; séries télévisées ; représentation de la sexualité des femmes
    • Anastasie Amboulé Abath | Professeure au Département des sciences de l’éducation | Administration scolaire ; réussite et persévérance scolaire ; genre et éducation
    • Salmata Ouedraogo | Professeure au Département des sciences économiques et administratives | Économie du genre ; économie de la santé ; économie de l’éducation ; pauvreté multidimensionnelle ; genre et développement durable ; impacts des politiques publiques et des projets ; aspects socio-politiques des projets
    • Catherine Flynn | Professeure à l’Unité d’enseignement en travail social | Co-responsable du Pôle violence du Réseau québécois en études féministes | Violences sexistes et sexuelles ; intervention féministe ; intersectionnalité ; itinérance, pauvreté et exclusion sociale
  • Université du Québec en Outaouais
    • Karina Daigle | Professeure au Département des sciences infirmières | Santé publique ; santé maternelle et infantile ; médicalisation à la naissance ; infirmière obstétrique/périnatalité et sage-femme ; continuité relationnelle des soins
    • Caroline Caron | Professeure au Département des sciences sociales (communication) | Perspectives féministes et de genre sur les médias et la communication ; rapports de genre dans les espaces socionumériques ; jeunes et engagement civique ; pratiques numériques et cultures participatives en ligne
    • Mélissa Blais | Professeure au Département des sciences sociales (science politique) | Mouvements sociaux ; études féministes ; violences de genre ; émotions ; anti-féminisme
    • Charmain Levy | Professeure au Département des sciences sociales (science politique) | Sociologie politique ; mouvements sociaux ; citoyenneté urbaine ; développement international ; études féministes ; religion et culture
    • Denyse Côté, professeure au Département de travail social | Rapports femmes-hommes ; violences de genre ; développement local et régional ; développement communautaire ; genre et économie sociale ; droits des femmes en Haïti
    • Isabelle Côté | Professeure au Département de travail social | Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la procréation pour autrui et les liens familiaux | Diversité sexuelle et pluralité des genres ; diversité familiale ; familles LGBTQ+ ; procréation pour autrui/procréation assistée
    • Isabelle Marchand | Professeure au Département de travail social | Inclusion et exclusion des personnes âgées ; environnements favorables à la santé dans l’avancées en âge ; politiques du vieillissement et soutien à domicile ; violence conjugale et violences sexuelles ; intervention féministe et intersectionnalité ; genre et intersection des rapports sociaux
  • Université du Québec à Montréal
    • Lyne Kurtzman | Agente de développement, domaine femmes et rapports de sexe | Exploitation sexuelle ; éthique de la recherche-action et de la recherche partenariale ; analyse différenciée selon les genres ; usages et théories de l’intersectionnalité
    • Nancy Aumais | Professeure au Département de management à l’École des sciences de la gestion | Transformation identitaire ; pratique du genre quotidienne dans les organisations
    • Stéfany Boisvert | Professeure à l’École des médias | Cinéma ; télévision ; culture populaire ; médias de masse ; études de genre
    • Audrey Gonin | Professeure à l’École de travail social | Études féministes ; questions interculturelles ; éthique et déontologie du travail social ; transformations des pratiques en services sociaux ; travail social ; santé reproductive
    • Maria Nengeh Mensah | Professeure à l’École du travail social | Action collective ; cultures populaires ; développement communautaire ; exclusion sociale ; diversité de genre ; études féministes ; intersectionnalité ; sexologie
    • Dinaïg Stall | Professeure à l’École supérieure de théâtre | Analyse féministe des représentations ; études de genre ; études et théorie queer ; arts de la marionnette contemporains ; théâtre ; théâtre d’objet ; théâtre d’ombre
    • Caterine Bourassa-Dansereau | Professeure au Département de communication sociale et publique | Communication interculturelle ; communication interpersonnelle ; études féministes
    • Mélanie Millette | Professeure au Département de communication sociale et publique | Communication ; culture Internet ; médias socionumériques ; usages des technologies ; études féministes
    • Audrey Dahl | Professeure au Département d’éducation et formation spécialisées | Andragogie ; éducation communautaire ; mouvements sociaux ; perspectives féministes
    • Martine Delvaux | Professeure au Département d’études littéraires | Études littéraires ; études féministes ; écriture testimoniale ; littérature des femmes ; douleur au féminin
    • Karine Rosso | Professeure au Département d’études littéraires | Figure de l’autrice dans l’autofiction au féminin ; représentation des femmes non blanches dans la littérature contemporaine
    • Yolande Cohen | Professeure au Département d’histoire | Études féministes ; histoire des étudiant·es ; histoire des jeunes ; histoire des professions au XXe siècle ; histoire des soins ; philanthropie
    • Thérèse St-Gelais | Professeure au Département d’histoire de l’art | Études féministes ; études de genre ; histoire de l’art contemporain
    • Vanessa Blais-Tremblay | Professeure au Département de musique | Art et culture au Québec ; histoire de la musique ; musicologie et sociomusicologie ; études des femmes
    • Louise Cossette | Professeure au Département de psychologie | Émotions ; genre ; femmes ; psychologie du développement
    • Roxanne Marcotte | Professeure au Département des sciences des religions | Études féministes ; études islamiques ; femmes et islam ; philosophie arabe ; philosophie persane ; philosophie islamique ; religion et nouveaux médias
    • Marie-Andrée Roy | Professeure au Département des sciences des religions | Analyse féministe des religions ; femmes et religions ; christianisme ; Église catholique ; conservatismes religieux ; diversité culturelle ; diversité religieuse ; exploitation sexuelle ; traite des femmes
    • Rachel Chagnon | Professeure au Département de sciences juridiques | Droit ; travail social ; sociologie ; études féministes
    • Francis Dupuis-Déri | Professeur au Département de science politique | Mouvements sociaux ; antiféminisme ; abstention ; anarchisme ; Black Bloc ; profilage policier
    • Geneviève Pagé | Professeure au Département de science politique | Mouvements sociaux ; mouvements féministes ; théorie politique ; théorie féministe ; co-construction des savoirs ; pédagogie
    • Louise Toupin | Professeure retraitée du Département de science politique | Histoire ; mouvements sociaux ; mouvements féministes ; division sexuelle du travail ; travail du sexe
    • Manon Bergeron | Professeure au Département de sexologie | Éducation à la sexualité ; prévention de la violence ; transfert des apprentissages ; violence sexuelle
    • Julie Lavigne | Professeure au Département de sexologie | Études féministes ; théories féministes ; théories queer ; art contemporain ; représentation de la sexualité ; pornographie
    • Sylvie Lévesque | Professeure au Département de sexologie | Violence entre partenaires intimes et violences faites aux femmes ; maternité en contexte de vulnérabilité ; maternité précoce ; prévention/promotion de la santé sexuelle et reproductive ; coercition reproductive
    • Leila Celis | Professeure au Département de sociologie | Droits humains ; inégalités et classes sociales ; mouvements féministes ; mouvements autochtones ; mouvements sociaux afro-descendants ; mouvements sociaux paysans ; violence politique
    • Isabelle Courcy | Professeure au Département de sociologie | Co-construction des savoirs ; études critiques du handicap ; rapports sociaux de genre ; sociologie de la santé ; sociologie du quotidien
    • Catherine Des Rivières-Pigeon | Professeure au Département de sociologie | Études féministes ; psychologie ; sociologie ; travail social
    • Francine Descarries | Professeure au Département de sociologie | Études féministes ; théories féministes ; représentations sociales ; famille et travail ; maternité et travail ; anti-féminisme
    • Elsa Galerand | Professeure au Département de sociologie | Mouvements sociaux ; études féministes ; théories et débats féministes ; féminisme matérialiste ; division sexuelle du travail ; imbrication des rapports de pouvoir
    • Myriame Martineau | Professeure au Département de sociologie | Analyse critique de discours ; création et pratiques artistiques ; oralité, imaginaire et conte ; sociologie du cinéma ; politiques culturelles ; racisme ; rapports sociaux de genre ; rapports sociaux ethniques
    • Stéphanie Pache | Professeure au Département de sociologie | Études féministes ; études féministes des sexualités ; études de genre ; histoire des États-Unis ; histoire des sciences et des sciences humaines ; régulation sociale de la sexualité ; sociologie de la santé et de la santé mentale ; sociologie des sciences ; sociologie des sexualités ; sociologie du genre ; violence et politique ; violence de genre
    • Chiara Piazzesi | Professeure au Département de sociologie | Histoire de la pensée sociale ; corps et société ; genre et sexualités ; sociologie de l’intimité amoureuse ; sociologie des émotions ; sociologie des réseaux sociaux ; sociologie du numérique
  • Université du Québec à Trois-Rivières
    • Diane Gagné | Professeure au Département de la gestion des ressources humaines de l’École des sciences de la gestion | Équité, diversité et inclusion ; discrimination et égalité de traitement en emploi ; harcèlement en milieu de travail ; gestion des conflits ; avenir syndical ; responsabilité sociétale des organisations
    • Mireille Lalancette | Professeure au Département de lettres et communication sociale | Communication politique ; analyse de discours ; médias socionumériques : représentations sociales ; genre & leadership
    • Mélissa Thériault | Professeure au Département de philosophie et des arts | Philosophie de l’art ; culture populaire ; art de masse ; philosophie de la littérature et théories de la fiction ; cinéma québécois et industries culturelles ; questions féministes et décoloniales
    • Marise Bachand | Professeure au Département de sciences humaines | Femmes, genre et perspectives féministes ; histoire urbaine ; rapports à l’espace ; histoire des États-Unis ; esclavage ; créoles de Louisiane
  • Université du Québec – Télé-université
    • Anne Renée Gravel | Professeure à l’École des sciences de l’administration | Genre, travail et organisations ; santé et sécurité au travail ; gestion des ressources humaines ; syndicalisme
    • Diane-Gabrielle Tremblay | Professeure à l’École des sciences de l’administration | Gestion des ressources humaines ; développement local et économie sociale ; nouvelles formes d’organisation du travail ; conciliation travail-famille-vie personnelle et congés parentaux ; vieillissement de la main-d’œuvre, gestion des âges et retours en emploi ; travail et emploi des femmes
  • Institut National de la Recherche Scientifique
    • Hélène Belleau | Professeure titulaire au Centre Urbanisation Culture Société | Directrice scientifique du Partenariat Familles en mouvance | Famille, couple et usage social de l’argent

L’effet Matilda

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En 1968, Robert K. Merton théorise « l’effet Matthieu », selon lequel on attribue certains travaux à des scientifiques célèbres alors même qu’ils n’en sont pas nécessairement ou pas exclusivement à l’origine. Le nom de cet effet est tiré d’un verset de l‘Évangile selon Saint Matthieu : « Car à celui qui a il sera donné, et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré ».

En 1993, Margaret W. Rossiter publie l’article « The Matthew Matilda Effect in Science » – il sera traduit en français en 2003, par Irène Jami. L’historienne des sciences remarque en effet que cet effet s’applique particulièrement aux femmes, et encore plus aux femmes mariées. Elle note que cela peut être délibéré ou stratégique (si le travail est signé par un homme, il aura immédiatement plus de légitimité par exemple), ou alors simplement conforme aux stéréotypes traditionnels. Elle en fournit plusieurs exemples : Mileva Marić, la première femme d’Albert Einstein, Hertha et W. E Ayrton, Gerty et Carl Cori, Ruth et George Wald, ou encore Isabella et Jerome Karle.

Rossiter a réfléchi à plusieurs noms pour baptiser cet effet :

  • noms tirés de l’histoire des sciences
    • effet Lise : Lise Meitner a découvert la fission nucléaire avec Otto Hahn mais, contrairement à lui, n’a pas été nominée pour le prix Nobel
    • effet Harriet : Harriet Zuckerman était la collaboratrice de Robert K. Merton mais n’était pas reconnue comme telle
  • noms tirés de la Bible, à l’instar de Matthieu
    • effet Priscilla/Prisca : l’une des assistantes de Matthieu dans la rédaction des Écritures
    • effet Marthe : sœur de Marie, réduite à son travail domestique
  • noms tirés de l’histoire politique
    • effet Matilda : Matilda Joslyn Gage, féministe abolitionniste états-unienne du XIXe siècle, en faveur du droit de vote des femmes et très critique de la religion chrétienne (elle a notamment participé à la rédaction de la Woman’s Bible avec Elizabeth Cady Stanton) ; elle a écrit, en 1883, un essai intitulé « Woman As An Inventor », dans lequel elle cite de nombreux exemples de la manière dont les femmes inventrices ont été historiquement invisibilisées

Les exemples sont nombreux, du Moyen-Âge jusqu’au XXème siècle. Et il est probable que nous n’ayons pas encore tout défriché.

Pour en savoir plus


Margaret W. Rossiter. 1993. « The Matthew Matilda Effect in Science ». Social Studies of Science 23 : 325-341.

© Crédit photo : Matilda Joslyn Gage / Wikipedia / domaine public

Continuum des violences

Temps de lecture : 5 minutes


En 1987, Liz Kelly publie un article devenu aujourd’hui incontournable, « The Continuum of Sexual Violence ». Cet article n’a été traduit en français qu’en 2019. Les éditrices de la revue l’ayant traduit ont d’ailleurs souligné deux choses importantes au sujet de cet article. D’abord, « il permet de saisir comment la recherche féministe des années 1970 et 1980 a insisté sur le lien entre différentes formes de violences et contribué à constituer, ce faisant, un sujet femme autour de l’expérience commune des violences de genre« . Par ailleurs, « les différences entre femmes, en termes de positions sociales, qu’elles soient de classes ou liées à la trajectoire migratoire réelle ou supposée, [apparaissent] peu dans cet article ». C’est pourquoi une relecture intersectionnelle du continuum a été nécessaire.

Les premières analyses du continuum des violences

Liz Kelly n’a techniquement pas été la première à adopter le terme de continuum pour parler des violences vécues par les femmes (principalement sexuelles). Ce terme était utilisé dans des cercles militants, notamment lors de conférences, mais il l’a également été par plusieurs universitaires, dont Lorenne Clark et Debra Lewis en 1977, Joseph Marolla et Diana Scully en 1979, Judith Herman puis Marie Leidig, en 1981. Leidig configure toutefois son continuum en fonction de la gravité perçue de la violence vécue – la violence domestique et l’inceste sont ainsi placés à l’extrémité du continuum. Cette approche est rejetée par Kelly.

Kelly a réalisé des entrevues auprès de soixante femmes hétérosexuelles (volontaires), puis en a reconduit quarante-huit, pour spécifier les violences vécues et les inscrire dans le parcours de vie des victimes. L’argument principal que défend la chercheuse est que « toutes les formes de violence sexuelle sont graves et ont des effets : la polarisation (« plus ou moins ») du continuum se rapporte uniquement à leur fréquence » (2019, 22). Elle émet également l’idée selon laquelle « certaines formes de violence sexuelle rencontrées par la plupart des femmes au cours de leur vie sont aussi celles qu’elles risquent de subir le plus fréquemment », sans compter que « les plus communes sont aussi les plus susceptibles d’être définies par les hommes comme des comportements acceptables, par exemple le fait de considérer le harcèlement sexuel comme un petit jeu ou juste une blague, et elles ont moins de chances d’être définies légalement comme des délits » (2019, 23).

Voici les chiffres de la fréquence des violences sexuelles subies par les femmes interrogées par Kelly :

Formes de violenceNombre de femmesPart de l’échantillon (%)
Harcèlement sexuel5693
Agression sexuelle5490
Pressions pour avoir un rapport sexuel5083
Abus sexuel4372
Appel téléphonique obscène (question posée à 37 répondantes)2568
Rapport sexuel contraint3863
Violence domestique3253
Exhibitionnisme3050
Viol3050
Inceste1322
(Kelly 1989, 27)

Ce que la chercheuse souligne, c’est que les violences ne sont alors pas définies par les femmes en terme de consentement et d’absence de consentement, mais plutôt en termes de choix, de pressions, de contrainte et d’usage de la force. Outre le continuum de fréquence, il existe donc un continuum de situations au sein des relations hétérosexuelles.

Par la suite, Isabelle Auclair a retravaillé le concept et a proposé de réfléchir à l’idée de « continuum des violences genrées », selon laquelle « les actes de violences sexuelles sont généralement l’aboutissement de l’accumulation de diverses formes de violences, notamment structurelles, et d’inégalités systémiques » (2016, 283-284). C’est d’ailleurs à elle que l’on doit la relecture intersectionnelle de ce concept dans les études féministes francophones, permettant de comprendre comment ces violences sont reconfigurées par les autres systèmes d’oppression et par les trajectoires de vie des femmes.

Les adaptations pyramidales du concept

Il existe aujourd’hui beaucoup d’outils pour comprendre la manière dont se mettent en place les violences de genre – je n’en propose ici que deux, mais d’autres, plus succincts, sont disponibles ailleurs. Un problème de lecture se pose malheureusement souvent, puisque la structure pyramidale peut donner l’idée d’une hiérarchisation des violences ; or, on sait maintenant que l’échelle de la gravité est rejetée par les théoriciennes féministes.

  • La pyramide des violences sexistes et sexuelles de HandsAway
  • La pyramide des violences sexuelles de l’Université d’Alberta

Pour en savoir plus


Isabelle Auclair. 2016. « Le continuum des violences genrées dans les trajectoires migratoires des Colombiennes en situation de refuge en Équateur ». Thèse de doctorat en anthropologie. Québec : Université Laval.

Judith Herman. 1981. Father-Daughter Incest. Cambridge : Harvard University Press.

Joseph Marolla et Scully Diana. 1979). « Rape and Psychiatric Vocabularies of Motive ». Dans Gender and Disordered Behaviour, Edith S. Gomberg et Violet Franks (dir.). New York : Brunner/Mazel.

Lorenne Clark et Debra Lewis. 1977. Rape: The Price of Coercive Sexuality. Toronto : Women’s Press.

Liz Kelly. 2019 [1987]. « Le continuum de la violence sexuelle ». Cahiers du Genre 1 (n°66) : 17-36.

Marie Leidig. 1981. « Violence Against Women – A Feminist-Psychological Analysis”. Dans Female Psychology, Susan Cox (dir.). New York : St Martin’s Press.

Féminicide(s)

Temps de lecture : 2 minutes


Définir les féminicides

Quoique le terme féminicide existe techniquement depuis le XIXe siècle – on en trouve même des variantes supposément comiques depuis le XVIIe siècle (Vincenti 2020) -, les féministes se le sont véritablement approprié il y a une cinquantaine d’années.

  1. En 1976, lors du Tribunal international des crimes contre les femmes, Diana E. H. Russel le définit comme « un crime de haine envers des femmes et perpétré par des hommes ».
  2. En 1992, dans un ouvrage fondateur, Diana E. H. Russell et Jill Radford étudient l’ensemble des formes de féminicide, à la fois dans le contexte privé et dans le contexte public, le comprenant alors comme « l’assassinat misogyne de femmes par des hommes » (1992, 3).
  3. À la suite de ces premières théorisations, les féministes sud-américaines – notamment Marcela Lagarde et Julia Monárres, ainsi qu’Ana Carcedo et Montserrat Sagot – précisent l’intentionnalité de ce crime, il est dès lors défini comme « l’assassinat de femmes par des hommes parce qu’elles sont femmes » (Russel 2001, 3).

Le terme n’est toutefois entré dans le dictionnaire qu’en 2015.

À partir du travail réalisé par l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation, voici la classification que l’on pourrait proposer :

  • féminicides conjugaux : par le conjoint ou l’ex-conjoint
  • féminicides sociaux : lesbophobes, transphobes, racistes, validistes, putophobes
  • féminicides criminels : liés au crime organisé, à la traite des êtres humains, à la guerre
  • féminicide culturels : basés sur l’honneur, liés à la dot, liés aux mutilations génitales

Compter les féminicides

Le décompte des féminicides a soulevé beaucoup de débats : comment compter les féminicides en dehors du couple hétérosexuel ? Comment mettre en lumière les violences perpétrées contre les femmes les plus précarisées ? Qui s’occupe de la veille journalistique ?

Pour répondre à tout cela, une coalition d’organisations a vu le jour en France, l’IOF, regroupant NousToutes, Acceptess-T, Les Dévalideuses, la Fédération des Parapluies rouges et Act Up. Voici la définition retenue pour dénombrer ces crimes patriarcaux : « meurtre ou suicide forcé d’une femme en raison de son genre, et ce quel que soit son âge ou les circonstances ».


Aurore Vincenti. 2020. « Féminicide ». Le Robert. En ligne.

Diana E. H. Russel. 2001. « Defining femicide and related concepts ». Dans Diana E. H. Russell et Roberta A. Harmes (dir), Femicide in global perspective. New York : Teacher’s College Press, 12-28.

Jill Radford et Diana E. H. Russell. 1992. Femicide : The politics of woman killing. New York : Twayne Publishers Inc.

Margot Giacinti. 2020. « Nous sommes le cri de celles qui n’en ont plus : historiciser et penser le féminicide ». Nouvelles Questions Féministes 39 (n°1) : 50-65.