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Plus connue sous le nom de Sappho, Psappho, Psappha ou encore Ψαπφώ, est une poétesse et musicienne grecque, originaire de Mytilène, sur l’île de Lesbos. Les détails de sa vie sont méconnus, les sources manquent et l’histoire oublie. Il est même parfois difficile de démêler le fait de la fable. Était-elle mariée à un certain Cercylas ? Rien n’est moins sûr. Avait-elle une fille nommée Cleis ? L’un de ses poèmes en fait mention, mais nous n’avons guère de preuve. A-t-elle vraiment été exilée en Sicile ? Aucune certitude à ce sujet. L’Église a-t-elle brulé ses œuvres parce qu’elle était une « put*in obsédée par le sexe, qui chante son propre libertinage » ? Mythe ou non, il est vrai que ses écrits – et son amour pour les femmes – firent scandale.
L’encyclopédie Britannica résume sont style ainsi : « Sa langue contient des éléments du langage vernaculaire éolien et de la tradition poétique éolienne, avec des traces du vocabulaire épique familier aux lecteurs d’Homère. Son phrasé est concis, direct et pittoresque. Elle est capable de prendre du recul et de juger de manière critique ses propres extases et chagrins, et ses émotions ne perdent rien de leur force en se recueillant dans la tranquillité. ». Car, particulièrement lyrique, sa poésie donne beaucoup de place à l’amour, et l’emploi du je y est révolutionnaire, puisqu’elle est la première femme à l’utiliser.
Outre ses poèmes, Sappho est à l’origine d’une académie (thiasos), avec pour objectif l’éducation des jeunes femmes. Les activités étaient principalement orientées autour du chant, de la danse et de la poésie, le pilier central étant la séduction. Comme il était courant à cette époque, l’homo-érotisme prenait une place importante au sein de cette communauté de femmes qui apprenaient la philia, soit l’amitié propre à celles et ceux qui appartiennent au même groupe.
La déesse Aphrodite est une composante essentielle de son œuvre. Son Ode est d’ailleurs l’un des seuls de ses poèmes a nous être parvenu dans son intégralité – il existerait actuellement 250 fragments, dont moins de 70 contiendraient des vers complets. Théodore Reinach et Aimé Puech en ont proposé cette traduction en 1937 :
Toi dont le trône étincelle, ô immortelle Aphrodite, fille de Zeus, ourdisseuse de trames, je t’implore : ne laisse pas, ô souveraine, dégoûts ou chagrins affliger mon âme,
Mais viens ici, si jamais autrefois entendant de loin ma voix, tu m’as écoutée, quittant la demeure dorée de ton père tu venais,
Après avoir attelé ton char : de beaux passereaux rapides t’entraînaient autour de la terre sombre, secouant leurs ailes serrées et du haut du ciel tirant droit vers l’éther.
Vite, ils étaient là. Et toi, bienheureuse, éclairant d’un sourire ton immortel visage, tu demandais, quelle était cette nouvelle souffrance, pourquoi de nouveau j’avais crié vers toi,
Quel désir ardent travaillait mon cœur insensé : « Quelle est donc celle que, de nouveau, tu supplies la Persuasive d’amener vers ton amour ? qui, ma Sapho, t’a fait injure ?
Parle : si elle te fuit, bientôt elle courra après toi ; si elle refuse tes présents, elle t’en offrira elle-même ; si elle ne t’aime pas, elle t’aimera bientôt, qu’elle le veuille ou non. »
Cette fois encore, viens à moi, délivre moi de mes âpres soucis, tout ce que désire mon âme, exauce-le, et sois toi-même mon soutien dans le combat.
Contributors. 2022. « Sappho – Greek poet ». Encyclopedia Britannica. En ligne.
Daniel Mendelsohn. 2015. « How Gay Was Sappho? ». The New Yorker. En ligne.
Pascal Charvet. 2020. « Sappho, poétesse grecque de Lesbos: La première femme qui dit je« . Odysseum. En ligne.
Renée Vivien. 1903. « Préface ». Dans Sappho : Traduction nouvelle avec le texte grec. Paris: Alphonse Lemerre Éditeurs.
© Crédit image : Marisa Ranieri Panetta / Museo Archeologico Nazionale (Naples)
[…] dans la société sont présentes, principalement dans la littérature, depuis la Grèce Antique (Sappho). Puis, l’on en retrouve tant au Moyen-Âge (Hildegard von Bingen, Christine de Pisan) […]
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