Recommandations | Les livres à (s’)offrir – édition des fêtes 2022

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Les fictions

  • La parabole du semeur, Octavia Estelle Butler – 17,95$/9€
    • « 2024. Le nouveau président des États-Unis provoque une crise sans précédent. Dérèglement social et climatique, épidémies, pauvreté, violences… Dans ce décor post-apocalyptique, la barbarie règne, les murs s’élèvent. La fille d’un pasteur noir atteinte d’hyper-empathie entame la rédaction d’une Bible d’espoir et d’humanité, Le Livre des Vivants. »
  • Toucher la terre ferme, Julia Kerninon – 18$/15€
    • « Un soir de novembre, en pyjama sur le parking de la clinique, Julia Kerninon hésite à fuir. Son premier enfant vient de naître et, malgré le bonheur apparent, elle perd pied, submergée par les doutes et la peur des contraintes. Sa vie d’avant lui revient comme un appel au large: les amours passionnels, les nuits de liberté et les vagabondages sans fin. »
  • La vallée des fleurs, Niviaq Korneliussen – 27,95$/21€
    • « La Vallée des Fleurs se trouve à l’est du Groenland, tout près de la ville de Tasiilaq. Des fleurs de plastiques roses, rouges et bleues y poussent sur les tombes du cimetière. Une jeune femme s’y rend à la suite d’un événement tragique qui a touché sa belle-famille. Elle est amoureuse, étudiante, promise à l’avenir, et pourtant quelque chose en elle se brise devant la majesté des montagnes. Son quotidien de Groenlandaise qui tente de s’insérer dans la société danoise va s’accélérer, suivant une corde tendue entre obscurité et lumière vive. »
  • La reine de rien, Geneviève Pettersen – 27,95$/ND€
    • « C’est l’histoire d’un couple au moment de son éclatement. Journaliste ambitieuse, prête à tout, mais étouffée par les servitudes qu’on lui impose et qu’elle s’impose à elle-même, Catherine, l’adolescente de La Déesse des mouches à feu devenue adulte, se donne le droit de vivre l’infidélité, l’ouverture du couple et un amour maternel pas toujours inconditionnel. Elle traverse sa séparation d’avec le père de ses enfants en méditant à la liberté qu’on choisit, ou non, de s’accorder. »
  • Les pénitences, Alex Viens – 22,95$/13,99€ [eBook]
    • « Jules rend visite à son père, Denis, un vieux punk imprévisible, afin de lui remettre une énigmatique petite boîte. Après un silence de dix ans, leurs retrouvailles s’orchestrent autour d’un spaghetti bien arrosé. Mais Denis veut dicter les règles du jeu et la tension monte, dévoilant les raisons de ce huis clos qui vire bientôt au cauchemar. Portée par les chansons de The Cure, parmi les flaques d’urine et les débris de la télévision, Jules mettra le point final à ce crescendo de violence qui la révélera tantôt victime, tantôt bourreau. Entre cruauté et nostalgie, Les pénitences ressuscite l’enfance de deux fillettes sous la coupe d’un adulte dangereux aux lois arbitraires. Ce thriller à la prose fiévreuse, où le détail inquiétant et la menace imminente pulsent dans la lueur lavande des enregistrements VHS, montre les ramifications mentales, émotives et sexuelles des relations abusives et de la pauvreté. »

La poésie

  • Les grandes fatigues, Isabelle Dumais – 23$/23€
    • « Écroulée par bribes distinctes je suis l’un de ces sept milliards d’éparpillements distribués en portions délicates en des emplacements brillants ou étranges. Il faudrait peut-être que je me rassemble. »
  • Quand je ne dis rien je pense encore, Camille Readman Prud’homme – 19$/33€
    • « tu vois dans les contours des enfermements. ta peau te clôture. quand tu te brûles ou te coupes tu crois t’échapper un peu. »
  • Domaine du Repos, Emmanuelle Riendeau – 24$/24€
    • « Les cendres du père ont été mises en terre. Son nom, gravé sur le tombeau familial. La promesse oratoire des chants démodés se fracasse contre le seuil d’une chambre aux soins palliatifs et d’une maison vidée. Titubant entre les boulevards de la Capitale du développement et les rues montréalaises, une poète désaffectée écume les nuits restantes, articule une reconstitution séquestrée. Dépossédée d’entre-deux siècles, expulsée hors des lieux de l’enfance, elle vocalise la mémoire érodée d’une figure disparue, grugée par l’alcoolisme héréditaire et le jusqu’au-boutisme de l’abus. »
  • Moi, figuier sous la neige, Elkahna Talbi – 17$/12€
    • « Elkahna Talbi se promène dans les rues de Montréal, avec sous le bras, un figuier secret. «Le figuier est l’écho du pays d’origine. Il est le frère que je n’ai pas eu. Il est un peu moi.» Que devient-on quand on se déplace d’une terre à une autre? Un être divisé, travaillé par la solitude, l’arrachement et le désir de conquête. On porte en soi un monde contradictoire, fait de fragilités et d’imperfections. On bouscule l’horizon, on existe dans une mosaïque de temps. »
  • Je transporte des explosifs, on les appelle des mots, Poésie et féminisme aux États-Unis – 43,95$/22,50€
    • « Ecrit en 1982, cet essai de la poétesse féministe Jan Clausen propose des pistes sur les raisons de l’implication de nombreuses poétesses dans les mouvements féministes des années 1970 et 1980 aux Etats-Unis. Il est suivi d’une anthologie bilingue de poèmes des années 1970 à 2010, signés par des auteures telles que Audre Lorde, Dorothy Allison ou Rita Mae Brown. »

Les essais

  • Les allongées, Martine Delvaux et Jennifer Bélanger – 22,95$/12,99€ [eBook]
    • « Martine Delvaux et Jennifer Bélanger s’inscrivent dans une lignée de femmes allongées. Souffrant l’une et l’autre de douleurs chroniques, elles ont choisi d’écrire à partir de cette position qu’elles connaissent intimement : le corps étendu sur un lit, un divan, un plancher ou une civière, et qui attend. Entourées d’autres femmes – écrivaines, artistes, amies, mères, filles, amantes et soignantes –, les autrices rendent hommage à la vie horizontale des accidentées, des endolories, des insomniaques, des rêveuses et des survivantes. Elles résistent devant un monde qui a préféré voir en elles des paresseuses, des martyres, des hystériques, des menteuses, des plaintives, des folles. »
  • Le Couple et l’Argent, Titiou Lecoq – 37,95$/21,90 €
    • « Mêlant enquête et anecdote personnelle, l’auteure constate que des inégalités financières et économiques subsistent entre hommes et femmes. Elle incite alors les lectrices à remettre de l’ordre dans leurs finances, de même qu’à régler quelques comptes. »
  • Empreintes de résistance, Alexandra Pierre – 26,95$/20€
    • « Qu’y a-t-il de commun entre la mort de Joyce Echaquan en 2020 et celle de Marie-Joseph Angélique en 1734? La militante de longue date Alexandra Pierre en aurait long à dire sur le sujet. Dans ce livre, elle s’entretient avec neuf femmes engagées afin de connaître leurs histoires de résistance et faire apparaître le fil qui les unit les unes aux autres. Elle en tire un matériau inédit, ancré dans les luttes passées et futures, et détaché des grandes trames du féminisme blanc et du militantisme de gauche. Habilement orchestré, alternant de l’intime au politique, cet essai révèle une pensée en mouvement, généreuse et insoumise. «Toutes nos histoires sont interconnectées. Nous sommes toutes des sœurs de lutte.» – Émilie Monnet et Marilou Craft, extrait de la préface Avec la participation de Avni, Dalila Awada, Naïma Hamrouni, Widia Larivière, Marlihan Lopez, Abisara Machold, Hirut Melaku, Sheetal Pathak et Alejandra Zaga Mendez. Alexandra Pierre milite et travaille dans le milieu communautaire et les groupes de femmes depuis une quinzaine d’années. Elle s’intéresse aux enjeux féministes ainsi qu’aux questions de migrations et de racisme. Elle est présidente de la Ligue des droits et libertés. »
  • Dysphoria mundi, Paul B. Preciado – 18,95$/10,90€
    • « Malade de la Covid et enfermé dans son appartement, le philosophe livre la chronique d’un processus de mutation planétaire en cours marquant le début de la fin du réalisme capitaliste. Il propose une autre épistémologie terrestre refusant le néolibéralisme numérique, les rhétoriques nationalistes, les inégalités économiques, les violences raciales, sexuelles et la destruction de la biosphère. »
  • Faire famille autrement, Gabrielle Richard – 29,95$/15€
    • « Une réflexion sur la famille et ses multiples modèles autres que celui de la famille hétérosexuelle et qui peuvent être tout aussi épanouissants pour les parents et les enfants. L’auteure explique pourquoi et comment la famille hétérosexuelle relève d’une construction sociale où s’exercent la domination masculine et les inégalités de genre. »

Les livres d’histoire

  • Méfiez-vous des femmes qui marchent, Annabel Abbs – 15,95$/8,60€
    • « Immobilisée à la suite d’un grave accident, A. Abbs enquête sur les intellectuelles et femmes artistes qui ont pratiqué la randonnée. Elle montre comment cette activité a été pour elles une libération face aux contraintes et aux difficultés du quotidien. Un essai féministe sur les bienfaits de la marche et du contact avec la nature. »
  • Noirceurs : race, genre, classe et pessimisme dans la pensée africaine-américaine au XXIe siècle, Norman Ajari – 28,95$/15€
    • « S’opposant aux visions actuelles de la pensée africaine-américaine, simplistes ou iréniques, l’auteur présente divers débats contemporains, théories iconoclastes et stratégies politiques, afin de repenser l’avenir des vies noires en Amérique et dans le monde. »
  • Tout le monde parle de la pluie et du beau temps, pas nous, Ulrike Meinhof (textes choisis et présentés par Karin Bauer) – 23,95$/17€
    • « Où est Ulrike Meinhof? Sur les avis de recherche, placardés dans toute l’Allemagne de 1970, on offrait 10 000 marks de récompense à qui saurait la repérer. Introuvable pendant deux ans, partie s’entraîner aux techniques de guérilla, impliquée dans des vols de banques et de voitures, l’ancienne journaliste devenue insurgée clandestine est jetée en prison en 1972, puis retrouvée pendue dans sa cellule le 9 mai 1976. »
  • Si je veux, quand je veux: contraception et avortement dans la société française (1956-1979), Bibia Pavard – 36,95$/19€
    • « Faire l’histoire de la contraception et de l’avortement en France, de 1956 à 1979, c’est faire l’histoire de l’un des changements majeurs du second XXe siècle. En un peu moins de vingt-cinq ans, l’interdit est remplacé par une nouvelle liberté de procréer, encadrée mais réelle, fondée sur l’idée que les couples et surtout les femmes sont responsables de leur propre fécondité. Le slogan féministe des années 1970, «un enfant si je veux, quand je veux», semble devenu une réalité. Pour autant, ce changement ne va pas de soi. Le résultat final, avec ses avancées et ses limites, ne doit pas faire oublier l’ensemble des controverses, des résistances, des compromis qui le construisent. Le parti pris de l’auteure est de replacer les actrices et acteurs au coeur du changement, celles et ceux qui luttent comme celles et ceux qui font la loi. L’ouvrage traite du Mouvement français pour le planning familial, du Mouvement de libération des femmes, du Mouvement pour la liberté de la contraception et de l’avortement, mais aussi de certaines figures politiques qui ont porté la réforme législative comme Lucien Neuwirth et Simone Veil. S’intéressant à la fois aux mobilisations, à l’écho médiatique et au changement législatif, il apporte un regard neuf à l’intersection entre histoire politique, histoire culturelle et histoire du genre. »
  • Féminicides : Une histoire mondiale, Christelle Taraud (dir.) – 49,95$/39€
    • « Dans une perspective mondiale et historique, des études sur l’ensemble des violences faites aux femmes, au-delà de l’assassinat d’une femme par son conjoint. Les auteurs dénoncent la domination masculine comme creuset des inégalités et violences systémiques. Ils plaident pour une évolution vers plus d’inclusion et d’égalité. »

Les petits budgets

  • Les sorcières dans la littérature, Collectif – 5,95$/3€
    • « Quatorze portraits de sorcières issus de la littérature classique et contemporaine, de W. Shakespeare à M. Condé en passant par G. Sand. »
  • Lady Susan, Jane Austen – 5,95$/3€
    • « Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Le jeune Reginald se demande si elle est sans scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui souhaite s’amuser. »
  • De l’égalité des deux sexes, François Poullain de La Barre – 3,95$/2€
    • « Pourquoi, sous toutes les latitudes et à toutes les époques, les femmes ont-elles été considérées comme des êtres imparfaits et méprisables, impropres à l’éducation ? Si les deux sexes sont égaux pour le corps et pour l’esprit, alors toutes les portes devraient leur être ouvertes : Ce serait une chose plaisante de voir une femme être assise sur un tribunal pour y rendre justice, à la tête d’un parlement, conduire une armée, livrer une bataille, et parler devant les républiques ou les princes comme chef d’une ambassade. »
  • Le tremblement, Chimamanda Ngozi Adichie – 5,95$/3€
    • « Deux nouvelles extraites d’Autour de ton cou où la foi est questionnée, le désir déçu et l’homosexualité dissimulée. »
  • Flush, Virginia Woolf – 3,95$/2€
    • « Biographie imaginaire et parodique d’un épagneul cocker, Flush : sa jeunesse à la campagne avec Mary Russel Mitford, son adoption en 1842 par Elizabeth Barrett, atteinte d’une maladie mystérieuse qui l’oblige à rester alitée et prisonnière d’un père tyrannique, sa découverte de Londres où il est victime d’un enlèvement puis sa vie paisible en Italie avec sa maîtresse, qui a recouvré la santé. »

Les bandes dessinées

  • Corps vivante, Julie Delporte – 35,95$/27€
    • « En 1990, Julie Delporte n’a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s’identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter des robes et prend son avenir en main. »
  • La cité oblique, Ariane Gélinas et Christian Quesnel – 36,95$/ND€
    • « Au début des années 1930, Québec est l’hôte d’un visiteur taciturne et discret, dont la vision a marqué au fer rouge la littérature fantastique : Howard Phillips Lovecraft. Celui qui a donné naissance au mythe de Cthulhu, peuplé de créatures antédiluviennes, a rédigé lors de ses trois séjours dans la «cité aux énigmes murées» une histoire de la Nouvelle-France qui sera publiée à titre posthume en 1976 dans l’ouvrage intitulé To Quebec and the Stars. Inspirée de cette entreprise méconnue, La cité oblique propose une relecture hallucinée et magnifiquement illustrée des débuts de la colonisation jusqu’à la Conquête. Oubliez l’histoire officielle, voici celle que l’on vous a cachée, narrée par un de Ceux-qui-savent. »
  • Je prends feu trop souvent, Charlotte Gosselin – 35,95$/23,99€ [eBook]
    • « Ce premier roman graphique exprime l’hypersensibilité qui accompagne la maladie au quotidien. À l’aide d’images et de poésie, on suit la trajectoire d’une jeune femme aux prises avec un feu qui la consume trop souvent. Au fil des pages se dévoile une forme de beauté derrière le drame, à travers les amitiés (notamment entre les patients) et la relation que le personnage entretient avec elle-même. La psychiatrie est un monde méconnu dans lequel les patients partagent une solitude et un mal-être qui, lorsque raconté de manière sensible, peut être ressenti de tous. Un livre intime et important, magnifiquement illustré par l’autrice. »
  • Symptômes, Catherine Ocelot – 35,95$/26€
    • « Dans cette quatrième bande dessinée, Catherine Ocelot s’interroge sur les empreintes laissées par les mots, sur ce qui rend malade et ce qui guérit, sur la nature profonde de chaque individu et sur la manière de tendre l’oreille à cette petite voix que l’on tait trop souvent.   Comme des plantes qui s’enlacent dans une serre, les récits de Symptômes s’entrecroisent et s’imbriquent les uns dans les autres pour exposer les liens qui nous unissent, mais aussi la façon dont les relations, qu’elles soient toxiques ou saines, se répercutent sur notre corps et notre esprit. Et si des fils invisibles nous reliaient pour toujours à ceux qui ont joué un rôle dans notre vie?   La finesse des dialogues et du dessin transmettent aux lectrices et aux lecteurs toutes les émotions et réflexions, tantôt drôles, tantôt poétiques, qui émaillent le livre. Symptômes, un peu à la façon d’un rêve éveillé, explore nos mouvements intérieurs, ce qui nous transforme. »
  • Le meilleur a été découvert loin d’ici, Mélodie Vachon Boucher – 25,95$/17,50€
    • « Afin de se plonger dans l’écriture de son livre, Mélodie se retire quelques jours dans une abbaye loin de toutes distractions urbaines. Dans cet écrin de silence, elle ouvre les portes de son propre cimetière pour marcher entre les histoires de son avant. Elle y caresse quelques souvenirs et regarde de loin certains autres. Ce retrait du monde la poussera à sonder ses sentiments, ses envies. À apprivoiser ses peurs, à revenir sur certaines blessures et à apprendre à faire le deuil de certains pans de sa vie qu’elle croyait réglés. Le meilleur a été découvert loin d’ici est une oeuvre touchante qui confirme le talent et la voix unique de Mélodie Vachon Boucher. »

Les livres jeunesse

  • [3-6 ans] La tribu qui pue, Élise Gravel et Magali Le huche – 19,95$/16,50€
    • « Tu connais la Tribu qui pue? C’est une bande d’enfants qui vivent dans des cabanes de branches avec leurs amis les animaux. Il y a Laurent, le garçon aux cheveux rouges et aux deux renards. Lucie, celle qui a des tresses et une couleuvre. Et puis il y a surtoutFanette Ducoup, leur chef. Celle qui a sauvé toute la tribu des griffes d’Yvonne Carré. Viens, je vais te raconter. »
  • [6 -10 ans] Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie et Leire Salaberria – 19,95$/12€
    • « Dans ce discours prononcé en 2012 dans le cadre d’un programme dédié à l’essor du continent africain, l’écrivaine nigériane aborde avec lucidité et humour le sujet du féminisme. A travers des anecdotes issues de sa vie quotidienne, au Nigeria comme aux Etats-Unis, elle évoque les questions de l’inégalité des sexes et de l’image de soi des femmes. Le texte est ici adapté pour le jeune public. »
  • [10-14 ans] La ligue des super féministes, Mirion Malle – 27,95$/16€
    • « Une boite à outils drôle et pédagogique destinée aux adolescents et préadolescents pour initier une réflexion féministe et positive. »
  • [10-14 ans] Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage, Annie Bacon – 15,95$/17,90€
    • « Astride est une adolescente de treize ans d’un naturel réservé. À la suite d’un cataclysme déclenché par des scientifiques, elle se retrouve seule, sans parents ni amis. La jeune fille se réfugie dans le seul endroit qu’elle juge sécuritaire : la bibliothèque du quartier. Pour combler ses besoins primaires, elle s’approvisionne dans les commerces avoisinants et découvre que d’autres ont survécu et que la nourriture se faisant de plus en plus rare, les actes de violences vont se multiplier. »
  • [10-14 ans] Nous sommes tous faits de molécules, Susin Nielsen – 16,95$/14,90€
    • « Deux adolescents que tout oppose se voient forcés de vivre sous le même toit dans une famille recomposée. Leur cohabitation ne se fait pas sans heurts, d’autant plus que chacun d’eux a vécu un drame au cours de la dernière année. Le surdoué Stewart, 13 ans, a perdu sa mère, alors que la très populaire Ashley, 14 ans, peine à accepter l’homosexualité de son père. Dans ce roman à deux voix, Susin Nielsen réussit encore une fois à aborder des sujets graves avec beaucoup d’humour, d’intelligence et de tendresse. »

Actualités | Féminisme et élection présidentielle française

Les élections présidentielles françaises auront lieu dans moins de vingt jours. Les enjeux féministes sont devenus particulièrement saillants dans la sphère discursive française, mais les moyens ne sont guère alignés avec les prétentions rhétoriques. Quatre femmes sont actuellement candidates (Nathalie Arthaud, Anne Hidalgo, Marine Le Pen, Valérie Pécresse), face à huit hommes, pour succéder à Emmanuel Macron. L’appartenance de genre n’équivaut toutefois bien évidemment pas au soutien, ou non, des causes féministes – loin de là. Par ailleurs, l’auto-identification au féminisme ne signifie pas toujours grand chose, surtout lorsqu’on y accole des adjectifs tels qu’universaliste. Dès lors, comment y voir un peu plus clair ?

Les résumés et analyses des programmes

Les programmes complets en lien avec les enjeux féministe ou de genre

Les programmes sans partie dédiée spécifiquement à la lutte contre les inégalités et les violences

Pour plus d’informations

  • Consultez le comparateur de programmes établi par le journal Le Monde
  • Prenez connaissance du Rapport rédigé par Oxfam concernant le bilan du quinquennat Macron
  • Mettez en perspective ces informations avec le concept de féminisme d’État

Féminisme et relations internationales

Temps de lecture : 4 minutes


« Alors que l’histoire conventionnelle des disciplines suggère que le féminisme est arrivé tardivement aux relations internationales, nous soutenons que la discipline est arrivée tardivement au féminisme » (Tickner et True 2018). En effet, les théories féministes se déploient dans l’ensemble des champs de la science politique ; toutefois, il existe toujours un décalage entre l’implication des femmes et des féministes dans un domaine et leur véritable intégration au sein des disciplines concernées. Les perspectives féministes – le pluriel est important, plusieurs théories concurrentes existent – ont émergé en relations internationales dans les années 1980. Ainsi, un premier colloque a été organisé en 1988 à la London School of Economics, mais c’est au cours de la décennie suivante qu’elles ont gagné en importance. Battistella et ses collègues rappellent ainsi que la revue International Feminist Journal of Politics n’existe que depuis 1999 (2019, 347).

L’intégration tardive du féminisme à la discipline des relations internationales (RI) résulte en grande partie de la défiance mutuelle entre les deux approches. Car, les féministes récusaient le portrait du monde dressé par les RI, là où celles-ci étaient incapables de saisir la contribution des femmes à la politique internationale autant qu’elles étaient ontologiquement et méthodologiquement (notamment dans le cas de l’école dite réaliste) inadaptées à la prise en compte des enjeux de genre (Battistella et al. 2019). Dans un premier temps, les féministes en RI ont ré-évalué le rôle et l’implication historiques des femmes dans les lieux du pouvoir de la scène internationale, avant de développer leur propre conception de la discipline, en en redéfinissant les enjeux centraux et en posant de nouvelles questions (Buskie 2013).

La critique du réalisme

Le réalisme centre sa structure théorique sur la manière dont l’État cherche à obtenir le pouvoir et à défendre ses intérêts nationaux contre d’autres États concurrents dans une anarchie mondiale ou en l’absence d’une autorité supérieure à celle de l’État. Les États recherchent la sécurité par le biais d’un équilibre des pouvoirs sur la scène internationale, principalement par des moyens militaires, et en recourant à la guerre, si nécessaire. Les réalistes considèrent généralement l’État comme l’acteur clé de la politique internationale et minimisent – ou, comme l’affirme la théorie féministe, ignorent – le rôle de l’individu.

Tricia Ruiz (2005)

Les critiques féministes de cette école, telles que résumées par Tricia Ruiz, sont les suivantes :

  • Le rôle de l’État est surévalué, il convient plutôt de réfléchir aux modalités de sa constitution et la manière dont cela influe sur sa politique étrangère ;
  • La conception du pouvoir est inexacte, elle s’ancre dans une société patriarcale et empêche de le concevoir dans une perspective de coopération et de paix, qui plus est, l’intérêt national ne relève pas nécessairement de l’accroissement du pouvoir du pays concerné ;
  • L’individu n’étant pas pris en compte dans l’analyse, les femmes – et donc les théories féministes – en sont d’autant plus exclues.

La critique du libéralisme

Contrairement au réalisme, la théorie libérale met l’accent sur le rôle de l’individu plutôt que sur celui de l’État. Au lieu de considérer l’anarchie et la lutte pour le pouvoir comme une caractéristique essentielle de la politique mondiale, ces théoriciens mettent plutôt l’accent sur une lutte pour le consensus international comme élément central pour expliquer les relations internationales. Les outils des libéraux comprennent le libre-échange, l’éducation et les institutions internationales, pour protéger et promouvoir les intérêts économiques et civils de l’individu.

Tricia Ruiz (2005)

Les critiques féministes de cette école, telles que résumées par Tricia Ruiz, sont les suivantes :

  • Le libre-échange international est à l’origine d’inégalités économiques, notamment de genre ;
  • Les indicateurs économiques invisibilisent le travail des femmes ;
  • Capitalisme et patriarcat sont intimement liés ;
  • Les institutions internationales ne sont pas les outils les plus efficaces pour atteindre l’égalité.

L’apport du féminisme intersectionnel

L’intersectionnalité appliquée aux RI a permis, d’une part, de mieux comprendre l’absence, au sein de la discipline, des femmes et notamment des femmes minorisées et issues des Suds ; d’autre part, de faire advenir une perspective plus individuelle/individualisante, qui met l’accent sur la façon dont l’expérience du croisement des oppressions et de leur reconfiguration façonnent la manière dont on envisage et vit la politique internationale (Ackerly et True 2008 ; Battistella et al. 2019).

En conclusion

Les critiques féministes des relations internationales mettent de l’avant la construction masculine de la discipline et de ses concepts ; cependant, cette construction a un impact direct sur la conduite des affaires internationales. La redéfinition des termes implique donc la redéfinition de la politique elle-même. Ce faisant, les féministes militent pour une réelle prise en compte des enjeux de genre, des inégalités et des relations de pouvoir qui structurent les affaires internationales, mais également pour une conduite plus éthique, notamment à travers la perspective du care (True 2017).


Pour aller plus loin :

  • Cynthia Cockburn. 1999. « Les relations internationales ont un genre. Le dialogue social en Europe ». Travail, genre et sociétés 2 (n°2) : 111-137.
  • Elisabeth Prügl. 2015. « Les apports féministes aux relations internationales ». Dans Verschuur, Christine, et al. (dir.), Sous le développement, le genre. Marseille : IRD Éditions, 213-236.
  • J. Ann Tickner. 1988. « Hans Morgenthau’s Principles of Political Realism: A Feminist Reformulation ». Millennium 17(n°3):429-440.
  • Maïka Sondarjee (dir.). 2022. Perspectives féministes en relations internationales : penser le monde autrement. Montréal : Presses de l’Université de Montréal.

Alexandra Buskie. 2013. « How Significant is Feminism’s Contribution to IR? ». E-International Relations. En ligne.

Brooke Ackerly et Jacqui True. 2008. « An Intersectional Analysis of International Relations: Recasting the Discipline ». Politics & Gender 4 (n°1): 156–73.

Dario Battistella, Jérémie Cornut et Elie Baranets. 2019. Théories des relations internationales. Paris ; Presses de Science Po.

J.-Ann Tickner et Jacqui True. 2018. « A Century of International Relations Feminism: From World War I Women’s Peace Pragmatism to the Women, Peace and Security Agenda ». International Studies Quarterly 62 (n°2): 221–233.

Jacqui True. 2017. « Feminism and Gender Studies in International Relations Theory ». Dans Robert A. Denemark et Renée Marlin-Bennett (dir.), The International Studies Encyclopedia. Oxford : Blackwell Publishing.

Tricia Ruiz. 2005. « Feminist theory and international relations: the feminist challenge to realism and liberalism ». Soundings Journal : 1-7.

bell hooks (1952-2021)

Temps de lecture : 3 minutes


Aux gens qui veulent savoir qui je suis et ce que je fais, je dis fièrement, partout où je vais, que je suis écrivaine, théoricienne féministe, critique culturelle. Je leur dis que j’écris sur le cinéma et la culture populaire, à partir de l’idée que le vrai message, c’est le médium lui-même. La plupart des gens trouvent ça passionnant et veulent en savoir plus. […] Mais quand je mentionne la théorie féministe, c’est là que s’arrêtent les questions et que commencent généralement toutes sortes de rengaines à propos du mal que causent le féminisme et les méchantes féministes […] Quand je demande à ces mêmes gens de me parler des livres ou des magazines féministes qu’ils ont lus, des discours féministes qu’ils ont entendus, des militantes féministes qu’ils connaissent, leurs réponses montrent bien que tout ce qu’ils savent sur le féminisme est entré dans leur vie par ouï-dire, qu’ils ne se sont pas suffisamment approchés du mouvement féministe pour savoir ce qui s’y passe et de quoi il s’agit réellement. Le plus souvent, ils pensent que le féminisme, c’est une bande de femmes en colère qui veulent être comme les hommes. Il ne leur vient pas même à l’esprit que le féminisme puisse être une question de droits – un combat des femmes pour l’égalité des droits. Quand je leur parle du féminisme que je connais – de très près et personnellement – ils m’écoutent bien volontiers, même si, à la fin de nos conversations, ils s’empressent de me dire que je suis différente, que je ne suis pas comme les « vraies » féministes qui détestent les hommes, qui sont en colère. Je les assure que je suis une féministe aussi vraie et radicale que l’on peut être, et que s’ils osaient s’approcher du féminisme, ils verraient bien qu’il ne s’agit pas de ce qu’ils s’imaginent.

bell hooks, Tout le monde peut être féministe (2020, 7-8)

bell hooks, de son vrai nom Gloria Jean Watkins, est une figure incontournable du féminisme contemporain. Née en 1952 à Hopkinsville dans le Kentucky dans une famille noire précaire, elle connaît immédiatement la ségrégation, mais aussi la résistance par la solidarité communautaire, ce qui influencera sa pensée et ses écrits. En 1973, elle obtient un baccalauréat en littérature anglaise de l’Université Stanford, suivi d’une maîtrise en langue anglaise, en 1976, de l’Université du Wisconsin, puis, un doctorat en littérature de l’Université de Californie en 1983. Deux avant avant de terminer ses études, elle publie le fameux Ain’t I a Woman: Black Women and Feminism, qu’elle avait commencé à rédiger dès ses 19 ans. Elle se dirige ainsi vers une carrière universitaire et enseigne tour à tour les English and ethnic studies, les African and Afro-American studies, ainsi que les women’s studies et la littérature anglaise. Elle publiera plusieurs dizaines d’ouvrages, comprenant, entre autres, des essais, de la poésie, de la fiction pour enfants, des autobiographies, ayant pour sujets de prédilection l’apprentissage et la pédagogie, la culture populaire, l’amitié et l’amour, ainsi que la guérison et la libération – et toujours avec un grand souci de l’accessibilité de ses textes.

Le travail de bell hooks s’articule autour de la manière dont les expériences des classes ouvrières et des femmes noires ont été marginalisées, et, de fait, autour de l’intrication ou l’interconnectivité (l’autrice emploie inter-relatedness) entre le genre, la race et la classe. Comme le souligne Estelle Ferrarese, hooks « déploie une conception des rapports entre genre, race et classe qui ne suppose pas des catégories préexistantes qui s’influenceraient par la suite mutuellement, mais qui interroge les processus de leur co-construction » (2012, 220). La nuance est essentielle et préfigure le travail de Kimberlé Crenshaw et Patricia Hill Collins. Par ailleurs, hooks met l’accent sur l’importance de l’expérience comme source de savoir et sur sa légitimité, qui permet la création d’un savoir qui résiste et qui libère. La pensée de bell hooks est une pensée ancrée dans le quotidien et performative, indissociable de la pratique.

Anecdote : bell hooks a choisi d’écrire son nom de plume, reprenant le nom de son arrière-grand-mère, sans majuscules pour que l’on se concentre sur le message de ses écrits plutôt que sur elle.


Pour en savoir plus (en anglais)

Ouvrages traduits (en français)


bell hooks. 2019 [1994]. Apprendre à transgresser : l’éducation comme pratique de la liberté. St Joseph du Lac: M Éditeur.

bell hooks. 2020 [2000]. Tout le monde peut être féministe. Paris: Éditions Divergences.

Estelle Ferrarese. 2012. « bell hooks et le politique. La lutte, la souffrance et l’amour ». Cahiers du Genre 52 (n°1): 219-240.

The Editors of Encyclopaedia Britannica. « bell hooks ». Britannica. En ligne.

© Crédit photo : James Keyser

Le Mouvement de Libération des Femmes (France)

Temps de lecture : 5 minutes


Nous qui sommes sans passé, les femmes, nous qui n’avons pas d’histoire, depuis la nuit des temps, les femmes, nous sommes le continent noir. Levons-nous femmes esclaves et brisons nos entraves ! Debout ! Debout ! Asservies, humiliées, les femmes, achetées, vendues, violées, dans toutes les maisons, les femmes, hors du monde reléguées. Seules dans notre malheur, les femmes, l’une de l’autre ignorée, ils nous ont divisées, les femmes, et de nos sœurs séparées. Le temps de la colère, les femmes, notre temps est arrivé. Connaissons notre force, les femmes, découvrons-nous des milliers !

Hymne du MLF

L’histoire du Mouvement de Libération des Femmes est complexe, parcourue de désaccords et de tensions. La date marquant sa naissance fait elle-même débat : octobre 1968, comme l’a défendu Antoinette Fouque, ou 1970, ainsi que l’a écrit Françoise Picq ? La plupart des militantes sont en faveur de la deuxième option. En effet, selon Christine Delphy, la re-naissance du mouvement féministe français (1991, 137), se serait faite en plusieurs étapes au cours de cette année 1970. La sociologue en retrace quatre fondamentales : « la parution de l’article « Combat pour la libération de la femme » dans L’idiot International daté de Mai 1970; une manifestation à l’Université de Vincennes, tenue le 21 Mai 1970, dans laquelle on voit pour la première fois des affiches et banderoles portant les mots « Libération des femmes, année 0 »; la manifestation à l’Arc de Triomphe, organisée en solidarité avec la grève des féministes américaines, le 20 Août 1970; enfin, la publication d’un numéro spécial de la revue Partisans, intitulé « Libération des femmes, année 0 », en Novembre 1970 » (1991, 138).

Ainsi, au cours de l’année 1970, le mouvement se structure. D’abord à travers la décision, prise à Vincennes, de la non mixité, puis à travers les différentes réunions, notamment l’Assemblée générale aux Beaux-Arts à la rentrée de septembre, et les publications, tel que le bulletin mis en place en novembre, suivi d’un journal menstruel – et non mensuel, parce qu’irrégulier – en 1971 (Pavard, Rochefort et Zancarini-Fournel 2020, 277). Les principales actions marquant le début du Mouvement ont été le rassemblement du 26 août 1970 dénonçant l’invisibilisation historique des femmes, l’irruption, en février 1971, dans une émission de radio en direct, présentée par Ménie Grégoire et consacrée à l’homosexualité – alors qualifiée de « douloureux problème » – pour « réclamer la liberté« , ainsi que le soutien à différentes grèves (Pavard et al. 2020, 281-282).

Par ailleurs, l’enjeu de l’avortement – alors condamné depuis la loi de 1920 – est central dans la constitution et les revendications du MLF. Faisant suite au Manifeste des 343, un appel à la prise de parole est publié par le Mouvement pour l’avortement libre dans le journal menstruel du MLF, Le Torchon brûle. Au moins de novembre, l’une des plus grandes manifestations féministes est organisée. Presqu’un an plus tard se tient le premier procès de Bobigny, où Gisèle Halimi, fondatrice de l’association Choisir, défend une jeune adolescente de seize ans ayant avorté après avoir été violée. Les membres de Choisir et du MLF manifestent alors devant le tribunal pour enfants. La victime est relaxée. Le second procès de Bobigny a lieu un mois plus tard, jugeant cette fois-ci les complices de l’affaire. Elles sont condamnées à de légères peines. À partir de 1973, l’enjeu de l’avortement dépasse clairement le seul MLF : l’association de Gisèle Halimi se formalise, et les militantes du MLF émettent alors de nombreuses critiques à son encontre, puis est créé le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, qui ne fait pas consensus non plus – Choisir perçoit l’association comme concurrente et les militantes du MLF « refusent de participer à une association déclarée en préfecture et qui réintroduit les hommes » (Pavard et al. 2020, 291).

En 1974, alors qu’est créé le secrétariat d’État à la Condition féminine, confié à Françoise Giroud – qui récuse le terme féministe -, le MLF estime qu’il s’agit d’une cooptation institutionnelle à l’origine d’une dépolitisation de la cause (Pavard et al. 2020, 334). Car, le MLF ne s’inscrit pas dans une tradition réformiste, et l’autonomie à l’égard du politique constitue son ADN militante. Les membres lancent à cette même époque une grève des femmes, qui doivent cesser leur travail salarié, mais également tout travail domestique. Certaines militantes lancent également La Ligue du droit des femmes, présidée par Simone de Beauvoir et visant à « dénoncer sous toutes ses formes la discrimination sexe, défendre les femmes et les informer de leurs droits actuels, entreprendre toute action pour promouvoir un Droit nouveau des femmes » (Albistur et Armogathe 1977, 460). En parallèle de cette action de terrain, des ailes féminines sont créées au sein de plusieurs partis politiques de gauche et syndicats, de même que des groupes de lutte des femmes sur l’ensemble du territoire métropolitain. L’année suivante, la Loi n°75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de la grossesse, dite loi Veil, est votée. 1975 est également déclarée Année internationale de la femme par les Nations Unies. Dans ce contexte inédit d’institutionnalisation du mouvement féministe, la décennie 1970 s’achève toutefois sur des conflits internes menaçant l’existence du MLF, notamment lorsqu’en 1979 « Antoinette Fouque et d’autres déclarent une association loi 1901 portant le nom de MLF et déclarent le MLF à l’INPI en tant que marque » (Pavard 2020). Les dissensions ne sont alors plus négligeables, des récits concurrents se mettent en place, et la sororité se délite progressivement (Pavard 2020). Qui plus est, l’épuisement du souffle révolutionnaire au début des années 1980 est commun à l’ensemble de la mouvance ayant suivi les événements et l’ébullition de mai 1968 (Leibovici 2003, 141).


Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel. 2020. Ne nous libérez pas, on s’en charge; Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours. Paris : La Découverte.

Christine Delphy. 1991. « Les Origines Du Mouvement de Libération Des Femmes En France ». Nouvelles Questions Féministes (n°16/18): 137-148.

Maïté Albistur et Daniel Armogathe. 1977. Histoire du féminisme français du Moyen-Âge à nos jours. Paris: Éditions des femmes.

Marie Kirschen et Bibia Pavard. 2020. « Le MLF a été une rupture politique radicale ». Les Inrockuptibles. En ligne.

Martine Leibovici. 2003. « L’appel du temps – retour sur le Mouvement de Libération des Femmes ». Tumultes 1 (n°20): 119-142.