Temps de lecture : 2 minutes
#MeToo, #AgressionNonDénoncée, #BalanceTonPorc, autant de mouvements contemporains ayant fait prendre conscience de la prégnance de la culture du viol dans les sociétés patriarcales, concept s’étant fait une place tardive dans le vocabulaire courant, puisqu’il apparaît en 1971, dans un article de Susan Griffin. Dans la première partie de « Rape: The All-American Crime », Griffin déconstruit les mythes qui permettent à cette culture de prospérer, dénonçant ainsi principalement :
- l’association violeurs/pathologie ou violeurs/anormalité
- les stéréotypes sexuels fondés sur la glorification de la nature violente de l’homme face à la passivité inhérente à la femme
- la responsabilisation de la victime basée sur la croyance qu’un non veut dire oui (d’ailleurs une femme bien élevée devrait dire non) et que la coercition est une source de plaisir pour les femmes
Ce que l’on entend aujourd’hui par culture du viol n’est guère éloigné de ce que Griffin notait déjà il y a un demi siècle, soit une culture dominante qui :
- encourage la violence sexuelle par sa romantisation dans la culture (de la littérature à l’humour en passant par le cinéma) et l’imaginaire collectif, romantisation elle-même nourrie de fantasmes erronés
- banalise la violence sexuelle par son incorporation à la vie quotidienne, de manière à l’invisibiliser et en amoindrir l’impact
- excuse la violence sexuelle par la responsabilisation des victimes
La culture du viol en chiffres
Au Québec, selon les statistiques regroupées par le Regroupement Québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, 5% des crimes sexuels sont rapportés à la police et 0,3% des plaintes se soldent par une condamnation, sachant que 96.8% des agresseurs sont connus des victimes. En parallèle, en France, selon l’IPSOS, 10% des victimes portent plainte et 1% de ces plaintes se traduisent par une condamnation. Qui plus est, 42% des Français·e·s estiment qu’une attitude provocante de la victime atténue la responsabilité du violeur, 43% pensent que si une victime se défend véritablement, le violeur fuit, 30% qu’en adoptant certaines précautions, une victime potentielle peut éviter de se faire violer, 30% également selon qui une absence de réaction ou de défense équivaut à une absence d’agression, et 27% partent du principe que beaucoup de viols ayant fait l’objet de plaintes n’en sont pas. Qu’en est-il réellement ? Dans 100% des cas, la responsabilité d’une agression sexuelle incombe à l’individu qui agresse. Le nombre de fausses allégations oscille entre 2% et 10% selon les études – dont les échantillons varient énormément -, sachant que le nombre le plus récent a été estimé à 1 plainte sur 165. Dans tous les cas, ce débat ne sert généralement qu’un seul objectif : décrédibiliser la parole des victimes.
Je vous crois.
Je vous vois.
Ressources
- Emma – « C’est pas bien, mais… »
- RQCALACS – « Courageuses de toutes façons… À notre façon! »
- Prévention CDN/NDG – Cultivons la culture du consentement
- Suzanne Zaccour – La Fabrique du Viol
- Et tout le monde s’en fout – La culture du viol
- Gazette des femmes – Pour en finir avec la culture du viol
- ONU Femmes – 16 façon de lutter contre la culture du viol
Merci pour cette mise au point. Le chemin a parcourir me semble encore bien long pour que la voix des femmes soit entendue. Mais ne lâchons rien, jamais.
J’aimeAimé par 1 personne
*à parcourir
J’aimeJ’aime